Sur le Singe-Poète

Pauvre Singe-Poète, admis pour notre chef,
Dont l’œuvre s’apparente à l’art du maquillage,
De courtier devenu voleur tout en relief,
Quand nous, dépossédés, ravalons notre rage.
Au début il glana, fit de petits profits,
Récupéra les droits de pièces démodées ;
Ses succès dans son rôle à présent bien confits,
Il prend tout, de chacun s’approprie les idées :
Et, devant l’évidence, il la nie. Or, ces crimes,
L’auditeur indolent vous les gobe à genoux ;
Il ne distingue pas les tours seconds des primes :
Et finit par le croire auteur, autant que nous.
Sot ! comment ne pas voir les œufs dans l’omelette,
Ni les morceaux taillés dans la pièce complète ?
Traduction :J. F. Berroyer

On Poet-Ape

Poor Poet-Ape, that would be thought our chief,
Whose works are e’en the frippery of wit,
From brokage is become so bold a thief,
As we, the robb’d, leave rage, and pity it.
At first he made low shifts, would pick and glean,
Buy the reversion of old plays; now grown
To a little wealth, and credit in the scene,
He takes up all, makes each man’s wit his own:
And, told of this, he slights it. Tut, such crimes
The sluggish gaping auditor devours;
He marks not whose ‘twas first: and after-times
May judge it to be his, as well as ours.
Fool! as if half eyes will not know a fleece
From locks of wool, or shreds from the whole piece?
Ben Jonson