À M. Finlay, sur son illustration pour le conte de M. Bloch, « Le Dieu sans visage »

Au fond d’abîmes noirs s’agitent, nébuleux,
Des monstres affamés, coiffés d’étranges tiares ;
Battant de l’aile ils vont dans un vol fabuleux
D’orbe en orbe à travers l’espace aux soleils rares.
Nul n’ose désigner quel monde les enfante,
Ni chercher d’expression sur leur masque facial,
Ni prononcer les mots dont la portée puissante
Pourrait les attirer de l’ailleurs infernal.

Dans ces pages pourtant, notre œil effrayé trouve
Des abominations que la pensée réprouve ;
Des allusions impies dont la vérité nue
Sème mort et folie par les siècles sans nombre.
Quel peintre singulier bravant les gouffres d’ombre
Vit pour nous révéler leur horreur inconnue ?
Traduction :J. F. Berroyer

To Mr. Finlay, Upon His Drawing for Mr. Bloch’s Tale, “The Faceless God”

In dim abysses pulse the shapes of night,
Hungry and hideous, with strange mitres crown’d;
Black pinions beating in fantastic flight
From orb to orb thro’ sunless voids profound.
None dares to name the cosmos whence they course,
Or guess the look on each amorphous face,
Or speak the words that with resistless force
Would draw them from the hells of outer space.

Yet here upon a page our frighten’d glance
Finds monstrous forms no human eye should see;
Hints of those blasphemies whose countenance
Spreads death and madness thro’ infinity.
What limner he who braves black gulfs alone
And lives to make their alien horrors known?
H. P. Lovecraft