Romance

Tu passes, tandis que nous t’ignorons, Amour !
Ton œil fixe autrefois, et ton cœur sans remords
Se nourrit du murmure et du refrain des morts.
Hélas, notre combat ! car les rayons du jour
Que reflète l’argent de tes armes hautaines
Sont ceux d’anciens soleils éteints depuis longtemps ;
Tu agites pour toi le spectre du printemps,
Et soumets dans ton bal les fantômes des reines.

Faut-il que nous suivions ton aile rétrograde,
Et mouillions notre esquif dans ta lointaine rade —
Tes océans franchis et tes dragons vaincus —
Et te trouvions debout sur la cendre des rois,
Un lion à tes côtés, et sur ton front narquois
La lueur des couchants merveilleux et perdus !
Traduction :J. F. Berroyer

Romance

Thou passest, and we know thee not, Romance!
Thy gaze is backward, and thy heart is fed
With murmurs and with music of the dead.
Alas, our battle! for the rays that glance
On thy dethroning sword and haughty lance
Are of forgotten suns and stars long fled;
Thou weavest phantom roses for thy head,
And ghostly queens in thy dominion dance.

Would we might follow thy returning wings,
And in thy farthest haven beach our prow—
Thy dragons conquered and thine oceans crossed—
And find thee standing on the dust of kings,
A lion at thy side, and on thy brow
The light of sunsets wonderful and lost!
George Sterling