Vapeurs, Viaducs et Voies ferrées

Pour ce que vous défiez sur la mer et la terre
Ses vieilles sensations, le poète aurait tort
De vous discréditer tous, moyens de transport !
Non plus votre présence, au motif qu’elle altère
La beauté naturelle, est digne qu’on la blâme
D’occulter à l’esprit la vision prophétique
Des changements futurs ; plutôt, dans cette optique,
Pourraient se révéler le statut de votre âme.
En dépit de tout ce que la grâce abandonne
Dans vos traits rigoureux, l’apte Nature embrasse
L’art que l’Homme lui lègue ; et le Temps, qui s’estime
Heureux de vos succès sur son frère l’Espace,
Accepte de vos mains enhardies la couronne
D’espoir et vous sourit dans un bravo sublime.
Traduction :J. F. Berroyer

Steamboats, Viaducts and Railways

Motion and Means, on land and sea at war
With old poetic feeling, not for this,
Shall ye, by Poets even, be judged amiss!
Nor shall your presence, howsoe’er it mar
The loveliness of nature, prove a bar
To the Mind’s gaining that prophetic sense
Of future change, that point of vision, whence
May be discovered what in soul ye are.
In spite of all that beauty may disown
In your harsh features, Nature doth embrace
Her lawful offspring in Man’s art; and Time,
Pleased with your triumphs o’er his brother Space,
Accepts from your bold hands the proffered crown
Of hope, and smiles on you with cheer sublime.
William Wordsworth