Mémoire

Elle côtoie sans fin l’océan du Passé,
Plonge et rapporte hydre ou trésor — nul ne sait quoi ;
Des conques pour l’enfant, des cristaux pour le roi.
Le long de ses récifs flotte le mât cassé
D’un vaisseau qui sombra jadis en les touchant —
C’est là l’un des trophées des marées souveraines
Qui déferlent sur l’île où vivent les sirènes,
Et dont l’enchantement résulte de leur chant.

Elle sait restaurer les ombres de la gloire,
Alors que la tempête engloutit l’Illusoire ;
On la remarque avant que la nuit tombe autour,
Quand le bruit du ressac assourdit ses rivages,
Tandis que sur son sein brillent les feux sauvages
Des perles de la mer et des rubis du jour.
Traduction :J. F. Berroyer

Memory

She stands beside the ocean of the Past,
A diver. Pearls and hydras can she bring,
Shells for the child and crystals for the king.
Prone on her reefs the sea-essaying mast
And keels that dared the hurricane are cast—
Trophies of tides invincible that swing
Around the islands where the Sirens sing,
The magic of whose song is hers at last.

Some shadow of the glory she restores,
Tho’ wave and wind devour the Ships of Dream;
For many mark her ere the fall of night,
When the surf’s sound is mighty on her shores,
Singing, as wildly on her bosom gleam
The sea-dews, and the rubies of the light.
George Sterling