Humeur

Je suis devenu las de ces choses permises,
Et las des conventions d’une époque engourdie —
Des vieilles traditions de toutes les églises
Dont nulle ne sait plus ce que fut l’Arcadie ;
Peu à peu dans mon sang se diffuse une rage —
Une folie de faune au fond de moi s’affirme —
Et la terre et le ciel ne semblent qu’une cage
Où se morfond l’esprit avec son aile infirme.

Or j’attendrais plutôt Lilith au crépuscule
Et saluerais la mort pour que le temps bascule
Ainsi que le destin si terrible à peser ;
Et pour sentir enfin se poser sur ma lèvre,
Lorsque l’âme et le corps sont unis dans la fièvre,
Cette bouche immortelle au funeste baiser.
Traduction :J. F. Berroyer

A Mood

I am grown weary of permitted things
And weary of the care-emburdened age—
Of any dusty lore of priest and sage
To which no memory of Arcadia clings;
For subtly in my blood at evening sings
A madness of the faun—a choric rage
That makes all earth and sky seem but a cage
In which the spirit pines with cheated wings.

Rather by dusk for Lilith would I wait
And for a moment’s rapture welcome death,
Knowing that I had baffled Time and Fate,
And feeling on my lips, that died with day
As sense and soul were gathered to a breath,
The immortal, deadly lips that kissing slay.
George Sterling