xxxiii

Redis-le ! que j’entende encore, s’il te plaît,
Ce surnom enfantin qui me faisait courir,
Délaissant jeux et fleurs d’un innocent loisir,
Pour guetter un profil dont l’œil me révélait
Des signes d’affection. Me manquent les voix frêles,
Douces, dont la candeur aux Cieux purs s’est unie,
Et qui, dissoutes dans la Divine Harmonie,
Ne m’interpellent plus. Silence sur les stèles
Lorsque j’appelle Dieu — Dieu ! — Laisse donc ta voix
Hériter des propos de celles qui sont mortes :
Cueille du nord au sud des fleurs de toutes sortes,
Et rattrape à présent cet amour d’autrefois !
Oui, donne-moi ce nom, — que mon cœur, à l’entendre,
Aille du même élan répondre sans attendre.
Traduction :J. F. Berroyer

xxxiii

Yes, call me by my pet-name! let me hear
The name I used to run at, when a child,
From innocent play, and leave the cow-slips piled,
To glance up in some face that proved me dear
With the look of its eyes. I miss the clear
Fond voices which, being drawn and reconciled
Into the music of Heaven’s undefiled,
Call me no longer. Silence on the bier,
While I call God—call God!—So let thy mouth
Be heir to those who are now exanimate.
Gather the north flowers to complete the south,
And catch the early love up in the late.
Yes, call me by that name,—and I, in truth,
With the same heart, will answer and not wait.
Elizabeth Barrett-Browning