En ce jour où j’achève ma trente-sixième année
Il est temps que ce cœur s’arrête,
Pour qui nul autre ne bat plus :
Mais qu’à mon pauvre amour l’on prête
Un temps de plus !
Mes jours en sont à leur automne ;
Ni fleurs ni fruits d’amour ne tiennent ;
Ver, chancre, et peine monotone
Seuls m’appartiennent !
Le feu qui consume mon âme
Vient d’un volcan jamais célèbre ;
Plus rien ne s’allume à sa flamme —
Bûcher funèbre.
L’espoir, la peur, ce qui importe,
La douleur même que l’on brave,
Et l’amour puissant, je ne porte
Que leur entrave.
Mais rien de tout ça ne m’incombe ;
Ces pensées-ci me font affront ;
La gloire au héro sert de tombe,
Ou ceint son front.
L’épée, la bannière, et la plaine :
C’est pour la Grèce que je vibre !
Le Spartiate en la fierté sienne
Était moins libre.
Réveille-toi ! dis-je à mon âme
(La Grèce, elle, est déjà debout !),
Songe au foyer d’où vient ta flamme
Quand ton sang bout !
Broie l’ardeur fraîche sous ta roue,
Âge mûr pour l’indignité !
Confonds le sourire et la moue
De la beauté.
Si tu regrettes ta jeunesse,
Pourquoi vivre ? La mort est là :
Au champ d’honneur, tiens ta promesse,
Et rejoins-la !
Cherche — on peut trouver sans le faire —
Un monument des plus épais ;
Regarde autour, choisis ta terre,
Et meurs en paix.
Pour qui nul autre ne bat plus :
Mais qu’à mon pauvre amour l’on prête
Un temps de plus !
Mes jours en sont à leur automne ;
Ni fleurs ni fruits d’amour ne tiennent ;
Ver, chancre, et peine monotone
Seuls m’appartiennent !
Le feu qui consume mon âme
Vient d’un volcan jamais célèbre ;
Plus rien ne s’allume à sa flamme —
Bûcher funèbre.
L’espoir, la peur, ce qui importe,
La douleur même que l’on brave,
Et l’amour puissant, je ne porte
Que leur entrave.
Mais rien de tout ça ne m’incombe ;
Ces pensées-ci me font affront ;
La gloire au héro sert de tombe,
Ou ceint son front.
L’épée, la bannière, et la plaine :
C’est pour la Grèce que je vibre !
Le Spartiate en la fierté sienne
Était moins libre.
Réveille-toi ! dis-je à mon âme
(La Grèce, elle, est déjà debout !),
Songe au foyer d’où vient ta flamme
Quand ton sang bout !
Broie l’ardeur fraîche sous ta roue,
Âge mûr pour l’indignité !
Confonds le sourire et la moue
De la beauté.
Si tu regrettes ta jeunesse,
Pourquoi vivre ? La mort est là :
Au champ d’honneur, tiens ta promesse,
Et rejoins-la !
Cherche — on peut trouver sans le faire —
Un monument des plus épais ;
Regarde autour, choisis ta terre,
Et meurs en paix.
Traduction : J. F. Berroyer
On This Day I Complete My Thirty-Sixth Year
’Tis time this heart should be unmoved,
Since others it hath ceased to move:
Yet, though I cannot be beloved,
Still let me love!
My days are in the yellow leaf;
The flowers and fruits of love are gone;
The worm, the canker, and the grief
Are mine alone!
The fire that on my bosom preys
Is lone as some volcanic isle;
No torch is kindled at its blaze—
A funeral pile.
The hope, the fear, the jealous care,
The exalted portion of the pain
And power of love, I cannot share,
But wear the chain.
But ’tis not thus—and ’tis not here—
Such thoughts should shake my soul, nor now,
Where glory decks the hero’s bier,
Or binds his brow.
The sword, the banner, and the field,
Glory and Greece, around me see!
The Spartan, borne upon his shield,
Was not more free.
Awake! (not Greece—she is awake!)
Awake, my spirit! Think through whom
Thy life-blood tracks its parent lake,
And then strike home!
Tread those reviving passions down,
Unworthy manhood!—unto thee
Indifferent should the smile or frown
Of beauty be.
If thou regret’st thy youth, why live?
The land of honourable death
Is here:—up to the field, and give
Away thy breath!
Seek out—less often sought than found—
A soldier’s grave, for thee the best;
Then look around, and choose thy ground,
And take thy rest.
Since others it hath ceased to move:
Yet, though I cannot be beloved,
Still let me love!
My days are in the yellow leaf;
The flowers and fruits of love are gone;
The worm, the canker, and the grief
Are mine alone!
The fire that on my bosom preys
Is lone as some volcanic isle;
No torch is kindled at its blaze—
A funeral pile.
The hope, the fear, the jealous care,
The exalted portion of the pain
And power of love, I cannot share,
But wear the chain.
But ’tis not thus—and ’tis not here—
Such thoughts should shake my soul, nor now,
Where glory decks the hero’s bier,
Or binds his brow.
The sword, the banner, and the field,
Glory and Greece, around me see!
The Spartan, borne upon his shield,
Was not more free.
Awake! (not Greece—she is awake!)
Awake, my spirit! Think through whom
Thy life-blood tracks its parent lake,
And then strike home!
Tread those reviving passions down,
Unworthy manhood!—unto thee
Indifferent should the smile or frown
Of beauty be.
If thou regret’st thy youth, why live?
The land of honourable death
Is here:—up to the field, and give
Away thy breath!
Seek out—less often sought than found—
A soldier’s grave, for thee the best;
Then look around, and choose thy ground,
And take thy rest.
Lord Byron