Fantaisie nébuleuse

(ou le Poète dans les nuages)

Ah ! Qu’il est agréable, avec le cœur léger,
Au coucher du soleil, ou par un clair de lune,
Dans les nuages lents de tout envisager,
Ou de laisser le soin à la vue opportune
De saisir à son tour les formes fantaisistes
Qu’un ami s’imagine ; ou, renversant la tête,
De voir couler à flot tout l’or des alchimistes
Dans des lits empourprés ; puis voyager en quête
Du pays merveilleux aux vallons abondants !
Ou ne regardant plus, n’écoutant que les flots,
D’être ce barde aveugle éclairé en dedans
Qui aux bords de Chio composa, les yeux clos,
L’Iliade et L’Odyssée, possédé par sa lyre,
Pour répondre à la voix de la mer qui soupire.
Traduction :J. F. Berroyer

Fancy in Nubibus

(or the Poet in the Clouds)

O! It is pleasant, with a heart at ease,
Just after sunset, or by moonlight skies,
To make the shifting clouds be what you please,
Or let the easily persuaded eyes
Own each quaint likeness issuing from the mould
Of a friend’s fancy; or with head bent low
And cheek aslant see rivers flow of gold
’Twixt crimson banks; and then, a traveller, go
From mount to mount through Cloudland, gorgeous land!
Or list’ning to the tide, with closed sight,
Be that blind bard, who on the Chian strand
By those deep sounds possessed with inward light,
Beheld the Iliad and the Odyssee
Rise to the swelling of the voiceful sea.
S. T. Coleridge