Le monde n’en peut plus que nous en profitions,
Pillant et gaspillant jour et nuit nos ressources ;
La Nature à nos yeux vaut bien moins que nos bourses ;
Nos cœurs ne cachent plus leurs basses intentions !
Cette Mer qui découvre à la lune son sein,
Les vents prêts à hurler aux heures alarmantes,
Ramassés maintenant comme des fleurs dormantes,
Tout est en désaccord avec notre dessein ;
Rien ne nous émeut plus. — Grand Dieu ! que me revienne
L’enseignement perdu propre à la foi païenne ;
Car ainsi je pourrais, debout dans ce pré cher,
Sentir si ma tristesse un peu s’en est allée ;
Voir Protée ou Triton chevaucher par la mer ;
Ou l’entendre souffler dans sa corne enroulée.
Pillant et gaspillant jour et nuit nos ressources ;
La Nature à nos yeux vaut bien moins que nos bourses ;
Nos cœurs ne cachent plus leurs basses intentions !
Cette Mer qui découvre à la lune son sein,
Les vents prêts à hurler aux heures alarmantes,
Ramassés maintenant comme des fleurs dormantes,
Tout est en désaccord avec notre dessein ;
Rien ne nous émeut plus. — Grand Dieu ! que me revienne
L’enseignement perdu propre à la foi païenne ;
Car ainsi je pourrais, debout dans ce pré cher,
Sentir si ma tristesse un peu s’en est allée ;
Voir Protée ou Triton chevaucher par la mer ;
Ou l’entendre souffler dans sa corne enroulée.
Traduction : J. F. Berroyer
The world is too much with us; late and soon,
Getting and spending, we lay waste our powers;
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
This Sea that bares her bosom to the moon,
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers,
For this, for everything, we are out of tune;
It moves us not. —Great God! I’d rather be
A Pagan suckled in a creed outworn;
So might I, standing on this pleasant lea,
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus rising from the sea;
Or hear old Triton blow his wreathèd horn.
Getting and spending, we lay waste our powers;
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
This Sea that bares her bosom to the moon,
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers,
For this, for everything, we are out of tune;
It moves us not. —Great God! I’d rather be
A Pagan suckled in a creed outworn;
So might I, standing on this pleasant lea,
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus rising from the sea;
Or hear old Triton blow his wreathèd horn.
William Wordsworth