Si notre anglais doit être enchaîné par la rime
Terne, et, comme Andromède, entravé dans l’acier
Le doux Sonnet, malgré sa triste séduction ;
Puissions-nous découvrir, s’il faut qu’on nous opprime,
Une sandale qui conviendrait mieux au pied
Nu de la poésie, car d’un plus digne port ;
Examinons la lyre, et jugeons en tension
Chaque corde, et voyons ce qu’obtenir en prime
Par l’ouïe laborieuse, et l’attention qui sied ;
Avares de nos mots, soyons avec passion
Jaloux de la couronne où pend le laurier mort,
Tout autant que Midas de son or fut glouton ;
Cette Muse après tout, s’il faut sceller son sort,
Qu’elle soit attachée par son propre feston.
Terne, et, comme Andromède, entravé dans l’acier
Le doux Sonnet, malgré sa triste séduction ;
Puissions-nous découvrir, s’il faut qu’on nous opprime,
Une sandale qui conviendrait mieux au pied
Nu de la poésie, car d’un plus digne port ;
Examinons la lyre, et jugeons en tension
Chaque corde, et voyons ce qu’obtenir en prime
Par l’ouïe laborieuse, et l’attention qui sied ;
Avares de nos mots, soyons avec passion
Jaloux de la couronne où pend le laurier mort,
Tout autant que Midas de son or fut glouton ;
Cette Muse après tout, s’il faut sceller son sort,
Qu’elle soit attachée par son propre feston.
Traduction : J. F. Berroyer
If by dull rhymes our English must be chained,
And, like Andromeda, the Sonnet sweet
Fettered, in spite of painéd loveliness;
Let us find out, if we must be constrained,
Sandals more interwoven and complete
To fit the naked foot of poesy;
Let us inspect the lyre, and weigh the stress
Of every chord, and see what may be gained
By ear industrious, and attention meet;
Misers of sound and syllable, no less
Than Midas of his coinage, let us be
Jealous of dead leaves in the bay-wreath crown;
So, if we may not let the Muse be free,
She will be bound with garlands of her own.
And, like Andromeda, the Sonnet sweet
Fettered, in spite of painéd loveliness;
Let us find out, if we must be constrained,
Sandals more interwoven and complete
To fit the naked foot of poesy;
Let us inspect the lyre, and weigh the stress
Of every chord, and see what may be gained
By ear industrious, and attention meet;
Misers of sound and syllable, no less
Than Midas of his coinage, let us be
Jealous of dead leaves in the bay-wreath crown;
So, if we may not let the Muse be free,
She will be bound with garlands of her own.
John Keats