1
Nous voulons voir grandir les êtres les plus beaux,
En songeant qu’une fleur ne devrait pas flétrir,
Mais comme en vieillissant ils gagnent leurs tombeaux,
Puissent leurs héritiers porter leur souvenir.
Or toi, le fiancé de tes propres yeux clairs,
Seul étant pour ton feu l’aliment substantiel,
Tu causes la famine où les mets sont divers,
Ennemi de toi même, envers toi trop cruel.
Toi qui de ce bas monde émaille le fronton,
Toi l’unique héraut du printemps qui fulmine,
Tu caches ta nature au cœur de ton bouton
Et, tendre malheureux, tu gâches par lésine.
Prends pitié de ce monde, ou sois l’anthropophage
Qui lui vole sa part au pied du sarcophage.
En songeant qu’une fleur ne devrait pas flétrir,
Mais comme en vieillissant ils gagnent leurs tombeaux,
Puissent leurs héritiers porter leur souvenir.
Or toi, le fiancé de tes propres yeux clairs,
Seul étant pour ton feu l’aliment substantiel,
Tu causes la famine où les mets sont divers,
Ennemi de toi même, envers toi trop cruel.
Toi qui de ce bas monde émaille le fronton,
Toi l’unique héraut du printemps qui fulmine,
Tu caches ta nature au cœur de ton bouton
Et, tendre malheureux, tu gâches par lésine.
Prends pitié de ce monde, ou sois l’anthropophage
Qui lui vole sa part au pied du sarcophage.
Traduction : J. F. Berroyer
1
From fairest creatures we desire increase,
That thereby beauty’s rose might never die,
But as the riper should by time decease,
His tender heir might bear his memory:
But thou, contracted to thine own bright eyes,
Feed’st thy light’s flame with self-substantial fuel,
Making a famine where abundance lies,
Thyself thy foe, to thy sweet self too cruel.
Thou that art now the world’s fresh ornament
And only herald to the gaudy spring,
Within thine own bud buriest thy content
And, tender churl, mak’st waste in niggarding.
Pity the world, or else this glutton be,
To eat the world’s due, by the grave and thee.
That thereby beauty’s rose might never die,
But as the riper should by time decease,
His tender heir might bear his memory:
But thou, contracted to thine own bright eyes,
Feed’st thy light’s flame with self-substantial fuel,
Making a famine where abundance lies,
Thyself thy foe, to thy sweet self too cruel.
Thou that art now the world’s fresh ornament
And only herald to the gaudy spring,
Within thine own bud buriest thy content
And, tender churl, mak’st waste in niggarding.
Pity the world, or else this glutton be,
To eat the world’s due, by the grave and thee.
William Shakespeare