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Ô toi, charmant garçon, qui tiens en ton pouvoir
La faux du Temps, son heure, et son traître miroir ;
Qui tout en grandissant guide vers leurs déclins
Ceux qui par ta douceur à t’aimer sont enclins ;
Si la Nature, à qui toute ruine est soumise,
Tandis que tu t’en vas te retient à sa guise,
C’est afin de montrer grâce à toi qu’elle sait
Prescrire au temps le port d’un humiliant corset.
Crains-la pourtant, ô toi l’élu de son plaisir !
Elle garde un trésor, mais peut s’en dessaisir.
Tôt ou tard il faudra qu’elle paye sa dette,
Et que pour être enfin quitte elle te remette.
Traduction :J. F. Berroyer

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O thou, my lovely boy, who in thy power
Dost hold Time’s fickle glass, his sickle, hour;
Who hast by waning grown, and therein show’st
Thy lovers withering as thy sweet self grow’st;
If Nature, sovereign mistress over wrack,
As thou goest onwards, still will pluck thee back,
She keeps thee to this purpose, that her skill
May time disgrace and wretched minutes kill.
Yet fear her, O thou minion of her pleasure!
She may detain, but not still keep, her treasure:
Her audit, though delay’d, answer’d must be
And her quietus is to render thee.
William Shakespeare