18
Puis-je te comparer à un jour estival ?
Tu t’échauffes moins vite et ton cœur est plus tendre :
Les chers bourgeons de mai tremblent au vent brutal,
Et l’été quand il prête a tôt fait de reprendre.
Quelquefois la clarté du soleil est trop dure,
Et souvent l’œil doré des cieux devient blafard ;
Et partout la beauté montre à force une usure,
Qu’elle soit naturelle ou le fruit du hasard ;
Mais jamais ton été comptant des jours sans nombre
Ne perdra son éclat, ni le don de ta grâce ;
La Mort n’osera pas te couvrir de son ombre,
Quand ces vers t’auront mis à la plus haute place ;
Tant que l’homme vivra, des yeux liront ce livre,
Et tant qu’il sera lu, c’est toi qu’il fera vivre.
Tu t’échauffes moins vite et ton cœur est plus tendre :
Les chers bourgeons de mai tremblent au vent brutal,
Et l’été quand il prête a tôt fait de reprendre.
Quelquefois la clarté du soleil est trop dure,
Et souvent l’œil doré des cieux devient blafard ;
Et partout la beauté montre à force une usure,
Qu’elle soit naturelle ou le fruit du hasard ;
Mais jamais ton été comptant des jours sans nombre
Ne perdra son éclat, ni le don de ta grâce ;
La Mort n’osera pas te couvrir de son ombre,
Quand ces vers t’auront mis à la plus haute place ;
Tant que l’homme vivra, des yeux liront ce livre,
Et tant qu’il sera lu, c’est toi qu’il fera vivre.
Traduction : J. F. Berroyer
18
Shall I compare thee to a summer’s day?
Thou art more lovely and more temperate:
Rough winds do shake the darling buds of May,
And summer’s lease hath all too short a date:
Sometime too hot the eye of heaven shines,
And often is his gold complexion dimm’d;
And every fair from fair sometime declines,
By chance, or nature’s changing course, untrimm’d:
But thy eternal summer shall not fade,
Nor lose possession of that fair thou ow’st;
Nor shall Death brag thou wander’st in his shade,
When in eternal lines to time thou grow’st:
So long as men can breathe, or eyes can see,
So long lives this, and this gives life to thee.
Thou art more lovely and more temperate:
Rough winds do shake the darling buds of May,
And summer’s lease hath all too short a date:
Sometime too hot the eye of heaven shines,
And often is his gold complexion dimm’d;
And every fair from fair sometime declines,
By chance, or nature’s changing course, untrimm’d:
But thy eternal summer shall not fade,
Nor lose possession of that fair thou ow’st;
Nor shall Death brag thou wander’st in his shade,
When in eternal lines to time thou grow’st:
So long as men can breathe, or eyes can see,
So long lives this, and this gives life to thee.
William Shakespeare