Au Grand Cañon

Tu portas, ô Seigneur, les splendeurs à mes yeux !
Un coucher de soleil aux feux qu’on croirait peints
Baigne éternellement ces murs cyclopéens, —
Ces remparts où luttaient les Titans et les dieux
Qui fendirent le monde avec un coup de lance,
Et qui, sonnant du cor, firent trembler les pierres,
Tombes des séraphins souillées du sang des guerres ;
Là furent adorés l’Enfer et le Silence.

Voyez ! De cet abysse où naissent les tempêtes
Par l’aile de Satan le Puissant, mille bêtes
Exhalent un air lourd. Parmi tout ce qui dort
Sous les cieux, tout ce qui sur terre est établi,
Il n’y a pas d’égal témoignage de Mort
Ni d’autels de la sorte érigés à l’Oubli.
Traduction :J. F. Berroyer

At the Grand Cañon

Thou settest splendors in my sight, O Lord!
It seems as though a deep-hued sunset falls
Forever on these Cyclopean walls,—
These battlements where Titan hosts have warred,
And hewn the world with devastating sword,
And shook with trumpets the eternal halls
Where seraphim lay hid by bloody palls
And only Hell and Silence were adored.

Lo! the abyss wherein great Satan’s wings
Might gender tempests, and his dragons’ breath
Fume up in pestilence. Beneath the sun
Or starry outposts on terrestrial things,
Is no such testimony unto Death
Nor altars builded to Oblivion.
George Sterling