La Muse de l’incommunicable
Un écho fut souvent saisi par nos chanteurs,
Et repris des violons dans leur triste romance ;
Nos peintres savent rendre une seule nuance
Des milliers de son aile, et nos plus grands penseurs
Ont cherché son visage en d’occultes royaumes
Et n’ont vu qu’en reflet sa merveille fugace.
Sa fragrance se mêle et son ombre s’enlace
À tout ce que l’artiste a pétri de ses paumes.
Le vent des lieux déserts est le vin qui l’avive.
Elle nous fuit toujours, silencieuse et furtive,
Musique dans la nuit, étoile solitaire.
La beauté et la mort sont sur sa bouche close
Où règne le silence et où soudain se pose
Le pas lourd des armées qui font trembler la terre.
Et repris des violons dans leur triste romance ;
Nos peintres savent rendre une seule nuance
Des milliers de son aile, et nos plus grands penseurs
Ont cherché son visage en d’occultes royaumes
Et n’ont vu qu’en reflet sa merveille fugace.
Sa fragrance se mêle et son ombre s’enlace
À tout ce que l’artiste a pétri de ses paumes.
Le vent des lieux déserts est le vin qui l’avive.
Elle nous fuit toujours, silencieuse et furtive,
Musique dans la nuit, étoile solitaire.
La beauté et la mort sont sur sa bouche close
Où règne le silence et où soudain se pose
Le pas lourd des armées qui font trembler la terre.
Traduction : J. F. Berroyer
The Muse of the Incommunicable
An echo often have our singers caught,
And they that bend above the saddened strings;
One hue of all the hundred on her wings
Our painters render, and our men of thought
In realms mysterious her face have sought
And glimpsed its marvel in elusive things.
Her fragrance gathers and her shadow clings
To all the loveliness that man hath wrought.
The wind of lonely places is her wine.
Still she eludes us, hidden, husht and fleet,
A star withdrawn, a music in the gloom.
Beauty and death her speechless lips assign,
Where silence is, and where the surf-loud feet
Of armies wander on the sands of doom.
And they that bend above the saddened strings;
One hue of all the hundred on her wings
Our painters render, and our men of thought
In realms mysterious her face have sought
And glimpsed its marvel in elusive things.
Her fragrance gathers and her shadow clings
To all the loveliness that man hath wrought.
The wind of lonely places is her wine.
Still she eludes us, hidden, husht and fleet,
A star withdrawn, a music in the gloom.
Beauty and death her speechless lips assign,
Where silence is, and where the surf-loud feet
Of armies wander on the sands of doom.
George Sterling