Le Vautour noir

Dominant les sommets de l’immense horizon,
Il s’empare à lui seul du silence des cieux.
Bien plus bas il promène un regard insoucieux
Sur l’empire de l’aigle et le nid du faucon —
Bien plus bas, les galions du soir vont dans la brume ;
Ses périls sont couchés sur la mer du matin ;
Il entend soupirer la tempête, et hautain,
Voit les froides sierras briller comme une écume.

Or il domine aussi le troupeau des humains —
Sans prêter attention lorsqu’ils tendent les mains
Désireux d’accomplir leur rêve le plus cher,
Quand, hissés au-dessus des chaudrons de l’orage,
Leurs cœurs, bravant la mort, trouveront le courage
De suivre ses chemins entre ciel et enfer.
Traduction :J. F. Berroyer

The Black Vulture

Aloof upon the day’s immeasured dome,
He holds unshared the silence of the sky.
Far down his bleak, relentless eyes descry
The eagle’s empire and the falcon’s home—
Far down, the galleons of sunset roam;
His hazards on the sea of morning lie;
Serene, he hears the broken tempest sigh
Where cold sierras gleam like scattered foam.

And least of all he holds the human swarm—
Unwitting now that envious men prepare
To make their dream and its fulfilment one,
When, poised above the caldrons of the storm,
Their hearts, contemptuous of death, shall dare
His roads between the thunder and the sun.
George Sterling