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J’ai souvent contemplé l’œil du matin glorieux
Flatter le haut des monts d’un regard souverain,
Chamarrant les prés verts sous ses baisers radieux,
Transmuant en flot d’or l’eau du fleuve azurin ;
L’instant d’après, permettre au plus hideux nuage
De venir s’étaler sur sa céleste face,
Puis, au monde navré, dérober son visage,
Disparaissant à l’ouest avec cette disgrâce :
De même, un beau matin, mon soleil caressa
De ses feux triomphaux mon front peu reluisant ;
Hélas ! Il ne fut mien qu’une heure et s’éclipsa ;
Un amas nébuleux me le masque à présent.
Ici-bas comme aux cieux, l’astre peut se couvrir ;
L’amour que j’ai pour lui ne saurait en souffrir.
Traduction :J. F. Berroyer

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Full many a glorious morning have I seen
Flatter the mountain-tops with sovereign eye,
Kissing with golden face the meadows green,
Gilding pale streams with heavenly alchemy;
Anon permit the basest clouds to ride
With ugly rack on his celestial face,
And from the forlorn world his visage hide,
Stealing unseen to west with this disgrace:
Even so my sun one early morn did shine
With all-triumphant splendor on my brow;
But, out, alack! he was but one hour mine,
The region cloud hath mask’d him from me now.
Yet him for this my love no whit disdaineth;
Suns of the world may stain when heaven’s sun staineth.
William Shakespeare